

Gabrielle Sophie Angèle DUPOND-EBRARD, célibataire, née le 20 Mars 1893 à Lyon dans le cinquième arrondissement (13, Avenue du point du jour), et décédée le 4 septembre 1985 à la même adresse.
Sa famille
Issue d'une famille lyonnaise, elle et sont frère étaient orphelins de père depuis l'année 1895.
Celui-ci, Joseph Dupond, issue d'une famille de soyeux de Saint Didier au Monts d'Or, industriel dans la teinturerie sur textile, perpétuait la tradition des métiers lyonnais et acquis même une usine en Espagne avec un associé local, afin d'exploiter l'Indigo qui entrait dans la mode.
C'est au cours d'une visite dans un de ses ateliers qu'il se fit une plaie à un pied, en raison de ferrailles qui trainaient à terre, et il décéda à l'âge de trente-trois ans, victime du tétanos, laissant un personnel éploré de perdre un employeur généreux, et un patron humain.
La mère de Gabrielle DUPOND-EBRARD, Mme Angèle EBRARD, infirmière et phytothérapeute, élèva seule ses deux enfants avec l'aide et le soutien de son père, Monsieur Gabriel EBRARD; c'est en hommage à la mémoire de son grand-père que Gabrielle ajouta Ebrard à son nom de jeune fille Dupond.
Celui-ci est libraire, considéré comme érudit, diplômé de l'Ecole Nationale des Chartes, expert en livres rares et manuscrits anciens, il était propriétaire d'une librairie au 2 quai Fulchiron, dans le cinquième arrondissement de Lyon.
Il ouvrit cette librairie dans le quartier Saint-Jean en 1862 après avoir du quitter l'arche n°26 de "l'Hôtel Dieu", anciennement quai de l'hôpital sur la presqu'île de Lyon; ce bâtiment emblématique de la ville, et à vocation d'hôpital depuis l'an mille ou presque connait aujourd'hui une renaissance à vocation plus culturel et commercial.
La librairie transférée à l'époque quai Fulchiron existe toujours aujourd'hui, rebaptisé du nom de "Père Pénard" au lieu de Librairie Ebrard, elle continue néanmoins de diffuser l'art littéraire au-delà des murs de la cité de Lugdunum.
Le frère de Mlle Dupond, Mr. Alphonse Dupond, fut engagé volontaire en 1914, incorporé au 11ème régiment de Chasseurs Alpins.
Après avoir participé à la bataille de Verdun, il combattu durant la bataille du Chemin des Dames, alors qu'il avait vingt ans, il en sorti marqué par les 52 mois de guerre qu'il vécu, conservant pour le reste de sa vie les séquelles des gaz de combats utilisés sur le front.
Comme brancardier, il allait chercher les blessés tombés lors des assauts entre les tranchées des deux camps, lors des accalmies ou cessez le feu. Il vécu les pires horreurs de cette guerre et de ces batailles inhumaines dont les récits nous sont parvenus.
Un jour, étant croyant et ayant remarqué une église dans un village qui avait été bombardé, il décida d'y faire un tour. A l'intérieur il vit un harmonium, un orgue d'église.
Comme il était mélomane, il jouait du piano, de la flute traversière, du hautbois, du bugle, du violon, et bien sûr l'orgue, il essaya d'en jouer.
Malheureusement les tuyaux avaient été endommagés par les éclats d'obus, des petits trous laissant passer l'air.
Il fit alors une collecte de feuille de papier à cigarettes parmi ses camarades, et s'en servi astucieusement pour boucher les trous sur tous les tuyaux.
Il pu jouer, et le prêtre célébra une messe à laquelle participa toute la troupe et quelques habitants, accompagné d'une musique digne de la Cathédrale de Saint Jean.
A Lyon, il avait eu l'occasion de jouer sur l'orgue de la basilique de Fourvière, étant connu pour ses talents parmi les paroissiens,
Apprentisssage de la débrouille et de l'entraide
Femme de caractère, sa soeur, Gabrielle Dupond-Ebrard à grandi à Lyon, après avoir suivi sa scolarité à l'institution du Verbe Incarné puis du Sacré Coeur, passionnée par les nouvelles sciences elle sortie diplômée de l'Institut de phytothérapie de Lausanne en Suisse.
Professeur, elle enseigna à l'école Sainte Ursule dans le 5ème arrondissement, à l'Oratoire situé à Caluire ainsi qu'à l'externat Saint-Joseph de Bourgoin-en-Jailleu ou encore à l'école de la Favorite, puis elle dispensa des cours particuliers à domicile à des enfants en difficultés scolaires en latin, mathématique, histoire et géographie.
Ayant été préceptrice pour dispenser des cours privé auprès de membre de la famille MICHELIN, elle avait tissé un lien étroit avec la mère de famille des enfants dont elle s'occupait, en raison des convictions et valeurs qu'elles partageaient.
Participant toutes les deux à l'animation d'une troupe de guides, constitué de jeunes filles de bonne famille, aux moeurs irréprochables, et fort de son expérience de cheftaine durant toute sa jeunesse, Gabrielle Dupond-Ebrard créa avec son aide, à Lyon, la troupe de la 4ème Lyon des Guides de France dont elle fut commissaire.
La relation d'amitié qu'elle avait noué avec certaines d'entre elles lui fut bien utile durant la seconde guerre mondiale.
C'est par l'une d'elle que Pierre Guillain de Bénouville atterrit à Lyon chez elle plus tard; et grâce à l'aide de certaines d'entre elles que des personnes en fuite purent se cacher ou quitter le territoire occupé.
Cultivée et chrétienne convaincue elle recrutait parmi les jeunes filles désoeuvrées ou défavorisées afin de les incorporer à sa troupe, leur permettant d'apprendre à se débrouiller seule ou en groupe par diverses activités, de la couture au camping, leur inculquant la solidarité par l'apprentissage de la charité et de l'entraide.
Ecclectique, elle fut également infirmière volontaire pour les grands malades lors des pélérinage de Lourdes durant 55 années, jusqu'à devenir la doyenne de ce corps lors des dernières années de sa participation.
Mélomane à ses heures, elle se rendait volontiers jouer de l'harmonium lors des messes ou des cérémonies religieuses.
Durant les dernières années qui précédèrent la guerre de 39/45 elle exploite avec sa mère et son frère un petit laboratoire de produits pharmaceutiques et vétérinaires à base de plantes et de divers produits végétaux, le laboratoire DUBRARD à la Favorite, et dont les produits commencent à se trouver en pharmacie.
Hélas la première année de guerre créa de si grandes difficultés que l'exploitation dû cesser, et un an après, Mme Dupond-Ebrard mère devait décéder d'une pneumonie durant l'été 1940. Dés fin 1940 justement Mlle Gabrielle Dupond-Ebrard compris que les évènements seront douloureux pour la France et pour sa ville.