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Dans la lutte clandestine, au coeur des réseaux

Sa maison fut a partir de l'année 1943 le secrétariat du Service National des Relations Extérieures de la résistance (S.N.R.E.), notamment en charge des contacts par tous les moyens disponibles avec les Maquis, les autorités de Londres, les forces françaises libres d'Afrique du Nord à ALGER, et les représentations diplomatiques Américaines en Suisse.

Justement en Suisse et en Algérie les américains, via l'Office of Strategic Services (OSS) nouvellement crée, nouent des contacts étroits avec certains mouvements de résistance, dont "combat".

Mlle DUPOND s'assura pour le mouvement de plusieurs "boites aux lettres" dans Lyon pour la réception des messages de toute la France, à savoir parmi tant d'autres: passage Menestrier (2è), Place St. Nizier (2è), Quai St. Vincent (1er), Rue Alphonse Fochier (2è), sans oublier la librairie de son grand père Mr. EBRARD, situé au 2 Quai Fulchiron (5è) et dont le successeur était évidement d'accord pour que la petite boutique, avec ses deux entrées, l'une sur le quai Fulchiron, l'autre donnant rue mgr Lavarenne, serve de lieux d'échanges.

Henri Frenay, Pierre Guillain de Bénouville étaient ses chefs directs. Elle était au coeur du mouvement lors de réunions qui rassemblaient les principaux chefs de "Combat", et des organisations, tous groupes confondus parfois (combat, FTP...)

 

Parmi les drames qu'elle vécu avec ses compagnons il y eu la mort de nombreux résistants, hommes ou femmes, dont Alain de CAMARET et  Bertie ALBRECHT.

Alain de Camaret était un jeune homme, presque du même âge que la nièce de Gabrielle Dupond Ebrard, laquelle s'appelait aussi Gabrielle Dupond.

 

Celle-ci, née en 1924, avait tout juste 20 ans en 1944, ayant passé le cap de l'adolescence dans la France en guerre.

 

Témoin de tout ce qui se passait dans la maison, et discutant souvent avec des "invités", elle sympathisa avec Alain de Camaret et accepta un jour une invitation pour déjeuner avec lui, un dimanche,dans un restaurant place du Point du Jour.

Lorsqu'ils revinrent ensemble au domicile de GDE, celle-ci les attendait et les réprima très sévèrement, leur rappelant qu'il y avait des Allemands qui allaient également dans ce lieu, comme partout d'ailleurs; se défendant en expliquant ne pas avoir pris de risques inconsidérés, A. de Camaret avoua qu'il était heureux de faire la connaissance de sa nièce et il demanda la permission de la revoir après la guerre, ce à quoi GDE répondit: ''...jeune homme, la France d'abord..." - elle ne se doutait pas qu'il allait mourir quelques mois plus tard, assassiné par les Allemands.

Lorsque la nouvelle de la mort de Bertie ALBRECHT fut connue, toute la famille et tous les occupants de la maison furent plongés dans une immense tristesse, à la hauteur de ce que cette femme laissait comme vide dans le coeur de ceux qui l'aimaient et de ceux qui l'avaient connu.
 

Mais aussi une angoisse lourde et pesante se fit ressentir en redoutant ce qu'il adviendrait si les bourreaux allemands arrivaient à arracher des informations à Bertie Albrecht.

 

Depuis le  13 avenue du Point du Jour, en passant par la colline de Fourvière, elle pouvait redescendre vers la Saône par la montée Nicolas de l'Ange, puis le chemin de Montauban, et après un dernier long escalier qui menait quai Pierre Scize elle traversait la Saône pour atteindre son but, quai Saint-Vincent.

C'est d'ailleurs en courant une nuit dans un escalier qui descendait vers la Saône, alors qu'elle portait des messages, qu'elle fit une très grave chute, mais refusa par la suite de se faire soigner à l'hopital, de peur de dévoiler ses activités secrètes en attirant l'attention, ou en répondant aux questions des médecins.

 

Les centres de soins étaient surveillés de près par la gestapo et la milice, toujours à l'affut d'un blessé suspect ou d'un autre un peu bavard.

Connaissant toutes les ruelles et traboules de la cité Lyonnaise elle usait de toutes les ruses.

Elle se rendit plusieurs fois au Sud, à Sainte Maxime et les environ dans le Var, ces déplacements lui permettaient de transporter des messages ou de ramener de grosses sommes d'argent destinées au mouvement.

Sa frêle silhouette, portant toujours le deuil de son père, de noir vêtue, n'inspirait pas la méfiance des personnes qui la croisait, et à qui elle savait s'adresser comme il convenait à cet effet.

les mouvements montent en puissance

Elle accomplit des missions d'agent de liaison, avec d'autres membres du réseau, en rejoignant au moins une fois des partisans sur la plage, afin de transmettre des plis à l'intention du Commandant l'HERMINIER, dans les environs de Cannes ou Saint Raphaël; des échanges avaient lieu a bord de chaloupes pour remettre en main propre des plis confidentiels et en recevoir en retour du sous-marin CASABIANCA. Elle en revenait ramenant avec elle des plis confidentiels ou de très grosses sommes d'argent pour financer les réseaux.

Elle effectua de nombreux déplacements en Haute Savoie près d'Annemasse et Saint-Gingolf, avec comme prétexte des visites chez les religieuses des congrégations avec qui elle avait un lien étroit. Cette proximité avec la frontière Suisse lui permettait de faciliter la fuite des juifs et victimes des nazis.
 

Durant cette période la maison de Mlle DUPOND servi de boites aux lettres et de centre de réception et émission radio, des messages étaient rédigés et codés dans la maison, des armes furent souvent dissimulées dans le jardin de la maison et à l'intérieur de celle-ci.

C'est de nuit que le frère de GDE aidait à creuser pour dissimuler des armes et des munitions; des pots de confitures étaient farcis de billets de banques destinés aux mouvements.

Certaines nuit plusieurs visiteurs furtifs venaient frapper à la porte et se réunissaient dans l'un des petits salons, occupant leur nuit dans la fièvre des opérations, sortant fumer des cigarettes dans le jardin, qui était à l'époque garni d'arbres fruitiers et d'un potager, d'un petit bassin et d'un cabanon aménagé tout au fond, bien pratique pour dormir une nuit ou deux, en plus de l'habitation.

Ce fut un lieu de réunion pour de nombreux partisans, et y ont séjourné ou y sont passé la plupart des chefs de services, entre autres: Henri FRENAY, le Général FRERE, Alain et Michel de CAMARET, G. BIDAULT, Marcel RIVIERE, le Commandant FAYE neveu de S.DURAND, mais également AMAR, GRANIER, ,de nombreux chefs des autres organisations, connus et inconnus ou anonymes...

Certains noms de résistants qu'elle à connus durant ou après la guerre, nous pouvons citer Valette d'Osia, Soustelle, la duchesse de Mac Mahon; durant de longues années, des personnes revenaient la voir, lui rendant une visite après avoir connu avec elle des moments difficiles parfois , et heureux d'autres fois, anciens résistants ou personnes en fuite qui avaient survécus aux persécutions.


Mlle DUPOND accueille régulièrement des personnes en fuites ou recherchées et les faits hébergés chez différentes amies et relations, comme dans des couvents, celui de la Compassion chez son amie Mère RIVET, ou au couvent du Verbe Incarné, à  Fourvière.

Toujours infirmière volontaire, comme sa mère qui avait soigné les blessés de 14/18 à l'hôpital des Invalides, rue commandant Charcot, Gabrielle parvenait à se déplacer avec toujours un bon mobile, et une apparence au-delà de tous soupçons, car tellement anodine et inoffensive que particulièrement discrète.

Elle même annota dans un carnet après guerre qu'elle avait caché et aidé dans leur fuite 32 Juifs... De 1944 à 1946 elle hébergea dans sa maison Madame LEVY et son petit garçon François, leur épargnant ainsi d'être arrêté par les Allemands (leur famille fut déporté). Mr. François LEVY est devenu plus tard médecin et exerça à Lyon ou il est décédé il y à de cela quelques années.

Gabrielle Dupond-Ebrard fut citée comme témoin lors des deux procès de René HARDY, qu'elle avait évidement connu ainsi que les autres protagonistes de l'histoire.

L'essentiel de ce qu'elle disait en famille concernant le drame de Caluire tenait en deux phrases:

A : "René Hardy est innocent."

et

B: "Cette réunion n'aurait pas du se tenir dans ce lieu à Caluire (chez le docteur Dugoujon) - organiser cette rencontre pour un premier rendez-vous là-bas était risqué, la maison disposait de peu de possibilité de fuite, ce fut une erreur."

 

Elle qui avait l'habitude de la tenue de réunions avec les chefs de différentes organisations chez elle, au Point du Jour, a regretté que la réunion n'ai pas eu lieu à la maison tout simplement.

Ce fut son opinion et son regret concernant ce funeste jour, ignorant les conséquences tragiques qui auraient pu être identiques pour elle et toute sa famille, Alphonse Dupond, sa femme Emilienne et leur jeune fille, âgée de 16 ans en 1940, également prénommée Gabrielle.

Peut être même que cela aurait eu de plus grandes conséquences pour le réseau, en raison de l'implication de la maisonnée les ramifications de la lutte clandestine, et des preuves à charges qui auraient été lourdes et fatales pour tout le monde.

Nul doute que GDE avait un témoignage à apporter des évènements tels qu'elle les avait vécus, malheureusement elle s'est éteinte avant que des biographes ou des historiens dont c'est la spécialité, n'aient recueilli celui-ci, en parvenant, peut être, à lui faire raconter des anecdotes inédites sur ce sujet.

Décédée en 1986, affaiblie par les séquelles d'un cambriolage violent deux ans auparavant, elle ne put être entendu lors du procès de Klaus BARBIE, le "boucher de Lyon", et c'est regrettable.


 

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